Comment faire face à la recrudescence de la rougeole ?

Des foyers épidémiques en France

Après l’épidémie de rougeole survenue en France entre 2008 et 2012 avec près de 25 000 cas, puis la diminution du nombre de cas entre 2013 et 2016, une reprise de la circulation du virus de la rougeole avec près de 3 000 cas déclarés est survenue depuis novembre 2017. De novembre 2017 à Novembre 2018 ce sont 86 départements qui ont déclarés au moins un cas au cours de la période avec une circulation du virus qui reste en cette fin d’année particulièrement active en Bretagne, dans le Pays de la Loire, dans le Sud-Ouest et le Sud-Est. La moitié des cas sont survenus avant l’âge de 15 ans et l’autre moitié après. 90 % des cas surviennent chez des personnes non ou mal vaccinées (une seule injection). 20 % des cas déclarés ont été hospitalisés. Vingt-cinq personnes ont été admises en réanimation et on déplore trois décès. Les formes graves avec complications pulmonaires ou neurologiques sont plus fréquemment rapportées chez les personnes immunodéprimées.

En Europe ce sont plus de 50 000 cas qui ont été recensés depuis un an. Les pays les plus touchés avec la France sont l’Ukraine, la Serbie, la Russie, l’Italie, la Géorgie, la Grèce et la Roumanie. Cette recrudescence s’explique par une couverture vaccinale non optimale au sein de la population générale. Il est nécessaire de couvrir plus de 95 % de la population avec deux doses de vaccin rougeole pour pouvoir assurer une protection de groupe.

Une contagiosité importante

La transmission du virus est directe à partir des sécrétions nasopharyngées d’une personne atteinte sachant que la contagiosité débute quatre à cinq jours avant le début de l’éruption et s’étend jusqu’au moins quatre jours après le début de l’éruption. Dans une population non protégée une personne contagieuse peut contaminer quinze à vingt personnes.

 

Une protection efficace : la vaccination par le vaccin ROR

Toutes les personnes nées depuis 1980 sans antécédent de rougeole devraient avoir reçu deux doses de vaccin contenant la valence rougeole avec un intervalle d’au moins un mois entre les deux doses. En France le vaccin commercialisé contient également les valences oreillons et rubéole (vaccin ROR).

 

Contre-indications de la vaccination contre la rougeole

Le vaccin est contre indiqué chez les personnes immunodéprimées du fait qu’il s’agit d’un vaccin vivant dont on peut craindre une réactivation vers un virus sauvage avec la survenue d’une rougeole vaccinale.

Cette contre-indication s’applique tout particulièrement pour les personnes transplantées, greffées de cellules souches hématopoïétiques, sous chimiothérapie, atteintes d’une maladie auto-immune et traitées par corticothérapie, immunosuppresseurs ou biothérapie, ou atteintes d’un déficit immunitaire combiné sévère.

Pour une personne chez laquelle vient d’être porté un diagnostic de cancer, de lymphome, de maladie auto-immune ou inflammatoire chronique non à jour de sa vaccination rougeole il est recommandé une mise à jour avant de débuter la chimiothérapie ou les immunosuppresseurs. Après arrêt de ces traitements le délai à respecter pour vacciner est de 6 mois.

Chez une personne en attente de transplantation d’organe non ou mal vaccinée il est recommandé de vacciner avant la transplantation avec deux doses de vaccins à quatre semaines d’intervalle. Le délai minimal entre la vaccination et la transplantation est de quatre semaines. Pour les personnes n’ayant reçu qu’une doses de ROR une dose de rappel est nécessaire. Après transplantation d’organe le ROR est définitivement contre-indiqué. Le délai est d’au moins 2 ans après une greffe de cellules souches.

 

Des mesures préventives pour les personnes immunodéprimées exposées à un cas de rougeole

Il faut éviter qu’une personne immunodéprimée n’entre en contact avec un cas de rougeole.

Pour les personnes à risque de rougeole grave ayant eu un contact proche d’un cas confirmé et pour lesquelles la vaccination est contre indiquée les immunoglobulines polyvalentes (Ig) par voie intraveineuse doivent être proposées. Leur efficacité a été démontrée pour une administration dans les 6 jours après le contact avec le cas. Cette recommandation s’applique pour les personnes immunodéprimées n’ayant pas été préalablement vaccinées, sans antécédent de rougeole, ayant côtoyées le cas de rougeole cinq jours avant jusqu’à cinq jours après le début de l’éruption. Les immunoglobulines par voie intraveineuse sont délivrées uniquement par les hôpitaux.

 

Vaccination de l’entourage d’une personne immunodéprimée

En cette période d’épidémie il est très important de penser à mettre à jour les vaccinations de l’entourage c’est-à-dire parents, fratries, enfants, y compris adolescents et adultes, c’est-à-dire de s’assurer que chacun d’eux aient reçu les deux doses de ROR.